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Face au besoin de développer rapidement des médicaments du fait de la pandémie de la Covid 19, de multiples projets de découverte de médicaments ont reçu la plus grande quantité d'investissements privés en IA en 2020.
Fondée à Hong Kong et active depuis 2014, la plateforme de biotechnologie de l’intelligence artificielle (Insilico Medicine) vient de clôturer une levée de fonds (série C) de plus de 215 M EUR auprès d’investisseurs tels que Warburg Pincus, Eight roads, Qiming venture partners, Sequoia Capital China. Une partie de cette collecte de fonds sera dédiée aux essais cliniques chez les humains, hissant Insilico Medicine comme l’une des premières sociétés de découverte de médicaments fondée sur la technologie IA.
Partant du constat que les coûts élevés d’investissements en R&D, nécessaire pour mettre un médicament sur le marché, et le faible taux de médicaments approuvés par la FDA ont fortement ralenti le processus de développement des médicaments, le fondateur de Insilico Medicine a eu l’idée de mettre en place sa propre plate-forme assistée par IA. Basée sur des données riches minimisant le nombre d'essais échoués, ce système permet d’identifier de nouvelles cibles médicamenteuses pour des maladies non traitées à ce jour, de développer des molécules sur mesure, voire de prédire les performances de ces traitements via les essais cliniques.
En 2020, cette start-up avait déjà identifié une nouvelle cible médicamenteuse pour traiter la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), maladie limitant fortement la capacité respiratoire des patients. Après avoir conçu un traitement à petite molécule, les tests réalisés sur les animaux se sont révélés prometteurs. Le dosage humain et le premier essai clinique de ce nouveau médicament expérimental est planifié au plus tard début 2022. Au-delà de l’exploit d’accélération du développement préclinique de médicaments (18 mois seulement) à faible coûts (2,2 M EUR), l’attrait de ce projet est d’éliminer un élément de conjecture dans la découverte de médicaments comme le souligne Alex Zhavoronkov (fondateur de Insilico Medicine) : « La probabilité de réussir à connecter la bonne cible à la bonne maladie avec une grande molécule est très, très faible. Le fait que nous ayons réussi à le faire dans la FPI et d'autres maladies dont je ne peux pas encore parler, cela augmente la confiance dans l'IA en général.».
Le logiciel d'Insilico Medicine s’appuie sur la mise en interaction de deux outils d’IA : l’une (PandaOmics) identifiant la cible et l’autre (Chemistry 42) produisant une molécule, qui se lie à cette cible. D’ailleurs la start-up licencie son logiciel à des partenaires, tels que Johnson & Johnson, Pfizer ou encore le fabricant japonais Astellas Pharma. Insilico Medicine a également constitué une équipe et une plate-forme de découverte de médicaments en Chine, et a lancé plusieurs programmes thérapeutiques visant des cibles nouvelles, difficiles et auparavant « non médicamenteuses ».
Aujourd'hui, la start-up a déjà 16 actifs thérapeutiques en développement (dont la moitié pour le cancer, ainsi qu’un antiviral potentiel pour la Covid 19) et vient d’annoncer un nouveau partenariat avec la société israélienne Teva Branded Pharmaceutical, pour tenter de trouver de nouvelles cibles biologiques pour les médicaments, via l’utilisation de PandaOmics.
Parallèlement, Insilico Medicine souhaite mener ses propres essais cliniques avec l’aide de sous-traitants pour le recueil des données.
Source : 23/06/2021, Enoch YIU – South China Morning Post