Date de publication :
Ces dernières semaines, les pharmacies privées du pays ont commencé à souffrir de pénuries allant jusqu'à 15% de leurs médicaments, dû au fait que les laboratoires ne disposent pas de suffisamment de matières premières pour les produire en raison de la pandémie de COVID qui a interrompu les processus de fabrication et de distribution. « Il y a une pénurie de 15%, on pourrait dire que ce niveau (de pénurie) a triplé comparé à il y a encore quelques mois, et près de deux patients sur 10 sont référés à leur médecin pour qu'un autre médicament soit prescrit", a rapporté Marcos Pascual, directeur commercial de l'Association des pharmacies nationales du Mexique (Anafarmex).
Il y a quelques jours, lors d'un événement sans précédent, Farmacias del Ahorro a publié un affichage dans plusieurs journaux pour informer ses consommateurs d'une liste de 54 médicaments non disponibles dans leurs points de vente, parmi lesquels se distinguent des produits aussi populaires et demandés tels que Afrin Lub, Caltrate 600, Riopan et Tafil. Farmacias del Ahorro a répondu à El Financiero que l'intention était de partager avec ses consommateurs une date probable de disponibilité afin que « les médecins puissent proposer d'autres alternatives en attendant ».
L'Union nationale des entrepreneurs en pharmacie (Unefarm) et le Consortium des hôpitaux mexicains (CMH) ont confirmé la pénurie de plusieurs médicaments dans le pays, dont des vitamines.
La pénurie dans le secteur publique affecte les pharmacies privées
Le manque de médicaments dans les hôpitaux de la Sécurité sociale et de l'ISSSTE, qui existe depuis début 2020, a contraint les bénéficiaires à se rendre dans les pharmacies privées pour s'approvisionner, ce qui a fini par épuiser le stock de plusieurs entreprises qui n'ont pas pu se réapprovisionner. « La sur-demande générée dans le secteur privé vient du manque de médicaments dans le secteur public, notamment de ceux qui en ont les moyens », a expliqué Rafael Gual, directeur général de la Chambre nationale de l'industrie pharmaceutique (Canifarma).
Ce scénario se poursuit en 2021, alors que l'achat organisé par le gouvernement fédéral avec le Bureau des Nations Unies (UNOPS) pour les services d'appui aux projets a déclaré déserté 55% des 1 183 produits pharmaceutiques qu'ils souhaitaient acheter, a rapporté le cabinet de conseil Mexico Pharmaceutical Institute (INEFAM). Bien qu'il existe aujourd'hui une demande excédentaire de médicaments sur le marché privé, les fabricants préfèrent vendre au gouvernement en raison du volume important qu'il représente en termes de contrats et de valeur.
Au Mexique, la valeur du marché pharmaceutique avoisine les 15 Mds USD, dont 80% sont des ventes au gouvernement et les 20% restants correspondent au secteur privé
La COVID-19 interrompt l'approvisionnement en matières premières dans le secteur pharmaceutique
Sur les 18 branches thérapeutiques que l'INEGI (Institut Nacional des Statistiques et de Géographie) analyse, 12 ont réduit leur production en 2020, la baisse la plus prononcée a été celle de 94,8% des vaccins et antisérums, suivie de 20% des médicaments pour le système respiratoire ainsi que des traitements pour les organes des sens. En effet, bien que les laboratoires pharmaceutiques souhaitent produire, il faut des mois de planification pour commander des matières premières, dont 92% sont importées, dont 40% proviennent d'Inde, un pays qui connaît une forte vague de contaminations de COVID-19.
« Nous essayons de parler à certains laboratoires de la possibilité d'obtenir des lots de médicaments rares et d'y avoir accès même par le biais des importations, mais nous n'avons pas de solution en raison de contraintes bureaucratiques et administratives », a déclaré Javier Potes, directeur général du Consortium des hôpitaux mexicains (CMH). Le plan stratégique du secteur privé est de rechercher d'autres fournisseurs de la matière première pour la production pharmaceutique locale. Cependant, la Commission nationale pour la protection contre les risques sanitaires (Cofepris) n'a pas encore autorisé la modification de registre sanitaire afin d'accélérer l'importation, ont rapporté des sociétés pharmaceutiques.
Sources : ANAFARMEX, INEFAM, CMH, UNOPS, Ministère de la Santé mexicain