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Le mardi 15 juin, pour la première fois depuis sa sortie de l’Union européenne (UE), le Royaume-Uni a signé un accord de libre-échange indépendant, en l’occurrence avec l’Australie. Il ne s’agit, pour l’instant, que d’un accord de principe, dont les détails ne sont pas publiés.
« Cet accord montre ce qui peut être réalisé en tant que nation souveraine », souligne Liz Truss, la ministre britannique du commerce international. Avant le Brexit, la politique commerciale relevait des prérogatives de la Commission européenne, puisqu’elle s’applique à l’ensemble du marché unique. Pendant la campagne du référendum sur le Brexit, en 2016, les « brexiters » avaient brandi de possibles accords commerciaux indépendants comme une des principales raisons de la sortie de l’UE. Les échanges entre les deux pays s’élèvent à 13,9 milliards de livres sterling (16,1 milliards d’euros) par an, soit moins de 2 % du commerce britannique. L’Australie reste géographiquement trop éloignée pour être un partenaire commercial majeur.
Le secteur des vins et spiritueux britannique salue l'accord de libre-échange du Royaume-Uni avec l'Australie
Les entreprises britanniques de vins et spiritueux célèbrent l'accord de libre-échange (ALE) avec l'Australie, qui réduira les coûts pour les exportateurs comme pour les importateurs. En 2020, le Royaume-Uni a exporté 27 millions de livres sterling de gin britannique vers l'Australie, un des rares marchés à avoir maintenu une dynamique de croissance au cours d'une année où les exportations ont été lourdement frappées par la pandémie. Les distillateurs britanniques s'attendent à voir ces exportations continuer à croître, avec un accord susceptible de supprimer le tarif de 5 % que l'Australie prélève sur les spiritueux.
En plus d'être bénéfique pour les exportations britanniques de spiritueux, un ALE devrait également permettre de supprimer les droits de douane sur les importations de vin en provenance d'Australie. Le vin est la plus grande exportation agricole de l'Australie vers le Royaume-Uni et, en 2020, l'équivalent de 230 millions de bouteilles a été vendu dans les magasins et supermarchés britanniques, pour un chiffre d'affaires de 1,5 milliard de livres sterling.
Avec 80% du vin australien arrivant en vrac, le commerce soutient une énorme industrie au Royaume-Uni, des usines d'embouteillage et des réseaux logistiques aux services de marketing et de promotion. La suppression des droits de douane et l'élimination des obstacles réglementaires jugés inutiles permettront de soutenir un large éventail d'emplois dans l'ensemble de l'industrie vinicole britannique.
L'ALE entre le Royaume-Uni et l'Australie apportera également des avantages tangibles aux 900 négociants en vins indépendants du Royaume-Uni et permettra au célèbre secteur de l'hôtellerie et de la restauration d'offrir un plus grand choix et une meilleure valeur aux clients. Déjà l'un des marchés du vin les plus diversifiés au monde, un bon ALE augmentera encore la diversité et la qualité des vins disponibles pour les consommateurs sur ce marché de plus en plus compétitif.
Miles Beale, directeur général de la Wine and Spirit Trade Association, a déclaré : "Les avantages d'un accord commercial entre le Royaume-Uni et l'Australie, sans droits de douane ni quotas, sont une excellente nouvelle pour les producteurs britanniques qui exportent des vins et spiritueux vers Australie. C'est également une bonne nouvelle pour les importateurs, car cela renforcera la position du Royaume-Uni en tant que centre mondial du commerce du vin, et profitera en fin de compte aux consommateurs britanniques. Cette annonce historique mérite d'être célébrée, avec un verre de votre vin australien préféré ! Nous espérons que d'autres accords de libre-échange avec d'autres pays suivront de près."
Droits de douane réduits ou supprimés
Certains secteurs (comme les vins et spiritueux) devraient voir leurs droits de douanes réduits ou supprimés. Par ailleurs, un accord permettant aux jeunes Britanniques d’obtenir des permis de travail en Australie, déjà en place pour les moins de 30 ans, va être étendu aux moins de 35 ans. Du côté australien, la principale victoire concerne la suppression des droits de douane pour les importations de bœuf et d’agneau. Avec ses gigantesques fermes, certaines dépassant la taille de la Belgique, et son climat ensoleillé, l’Australie est capable de produire de la viande à un prix défiant toute concurrence.
Gouvernement divisé
Le sujet a provoqué une vive inquiétude chez les agriculteurs britanniques. Il a aussi profondément divisé le gouvernement de Boris Johnson, plusieurs ministres s’opposant à ce cadeau fait aux Australiens. Un compromis a été trouvé, avec l’introduction d’une très longue période de transition de quinze ans avant l’entrée en vigueur complète de l’accord. D’ici là, des quotas seront fixés sur l’importation de viande. Dans ce contexte, l’accord est avant tout présenté par le gouvernement britannique comme un premier pas. Le Royaume-Uni souhaite en particulier devenir membre de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), un traité commercial signé entre onze pays des deux rives du Pacifique (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Vietnam).
(Source : Wine and Spirit Trade Association)