Date de publication :

Secteur Tech et Services
Pays concerné
Turquie
Thématique Actualités du secteur
La Turquie a réussi à se placer dans le Top 10 européen des pays avec les flux les plus importants d’investissements de business angels et de VC entre janvier et mars 2021.
Image info sectorielle

Au sein de la zone du Moyen-Orient, le pays arrive même second du classement, juste derrière Israël. De plus, la croissance d’Istanbul a permis à cette dernière de se classer septième des villes européennes ayant comptabilisé le plus d’investissements pendant le premier quart de l’année. Au sein du classement par villes réalisé par startups.watch, Istanbul reste leader avec 49 des 62 investissements réalisés dans la métropole.

Les plus grands succès de l’écosystème turc

Plus précisément, 62 tours de table ont permis de récolter 509 M USD pendant cette période, avec les plus grandes levées réalisées par Getir et Dream Games. Getir a notamment réussi à lever un total de 428 M USD en deux tours de tables. Le deuxième investissement lui a permis d’atteindre une valeur de 2,6 Mds USD, devenant ainsi la deuxième licorne turque.

Une autre licorne peut être ajoutée au palmarès du pays avec Gorillas - une start-up dont le business model est similaire à celui de Getir - ayant levé 290 M USD dans un tour de table en Série B lui permettant de dépasser une valeur d’1 Md USD. La proximité de son business model avec celui de Getir explique cet intérêt des investisseurs et donc cette rapidité de croissance, le statut de licorne ayant été atteint en moins de deux ans.

Un autre exemple de cette réussite des start-up turques est celui de Trendyol, une entreprise d’e-commerce, ayant récemment atteint une valeur de 10 Mds USD après un investissement de 350 M USD réalisé par Alibaba, qui détient désormais 86,5% de la start-up turque rachetée en 2018.  L’application de Trendyol a été téléchargée plus de 60 millions de fois, devenant ainsi l’application d’e-commerce la plus téléchargée en Turquie. 93 % des visites sont réalisées sur mobile et 85 % des clients réalisent leurs achats également par ce canal.

Tuğrul Tekbulut, le fondateur de Logo –  l'une des  principales entreprises de logiciels en Turquie - soulignait récemment que les nouvelles start-ups ayant réussi à s’imposer dans le secteur de la data sont aujourd’hui parmi les plus importantes au niveau national. Ces dernières remplacent de plus en plus celles traditionnelles dans le paysage turc et Trendyol incarne parfaitement cette transformation.

La réussite du gaming turc

Un autre indicateur de cette réussite de l’écosystème est l’augmentation des investissements dans le secteur du gaming auprès des entreprises en seed stage. Depuis janvier 2021, 15 entreprises de gaming ont battu des records après avoir reçu des investissements de près de 60 M USD cumulés. Cette tendance a été initiée par la vente en 2020 de l’entreprise Peak Games, basée à Istanbul, rachetée pour 1,8 Mds USD par la société américaine Zynga, ce qui a contribué à attirer l’attention des investisseurs sur ce secteur. Cette opération a permis à l’entreprise de devenir la première licorne du pays et de détenir le record du plus grand exit européen de l’année.

Dream Games, deuxième investissement plus important de l’année après Getir, remporte cependant la palme avec 50 M USD levés en un seul tour pour le secteur du jeu vidéo.

Ace Games fait lui aussi partie des exemples à citer après avoir reçu un investissement de 7 M USD dans le but de développer des jeux mobiles tournés vers l’international. Ce tour de table a été mené par Actera, l entreprise de private equity turque, avec la participation de NfX et d’investisseurs majeurs du secteur comme Kristian Segerstrale, Alexis Bonte ou Kaan Günay.

Pour Hakan Bas, l’un des fondateurs d’Ace Games, le succès de l’entreprise se répercutera à la fois sur les exportations du pays mais également sur l’emploi. L’objectif annoncé par l’entreprise est de continuer à investir dans des entreprises de jeux vidéo nationales afin de renforcer le positionnement de la Turquie au niveau mondial dans la filière du gaming.

Selon un rapport de startups.watch, parmi les 100 jeux les plus téléchargés aux Etats-Unis en avril 2021, 20 d’entre eux étaient réalisés par des entreprises turques et Istanbul était la seconde ville dans le monde avec le plus de studio de jeu vidéo après Londres.

Une tendance renforcée pour la FinTech

La distribution des licences d’open banking réalisée début 2021 a également attiré l’attention des institutions, ainsi que des investisseurs locaux et étrangers.  Le leader turc du marché des Télécoms, Türk Telekom, a ainsi récemment annoncé avoir obtenu une licence FinTech qui lui servira à développer une solution de paiement mobile. Cette solution prendra la forme d’une carte prépayée qu’il sera possible de recharger par SMS. La carte permettra de réaliser des virements 24h/7j, de consulter ses comptes mais également d’utiliser Internet.

De plus, les régulations du secteur bancaire turc prévues pour 2021 devraient renforcer le segment digital du marché. En 2020, le processus avait été initié par l’amendement à la loi bancaire n°5411 autorisant l'utilisation d’outils de communication à distance entre les banques et les clients.

En parallèle, 55 candidatures à la Banque Centrale  turque ont été déposées sur des sujets portant sur les paiements et les cryptomonnaies par des entreprises provenant de secteurs multiples (télécoms, e-commerce, énergie, retail, etc.).

Les banques tentent ainsi de gagner en agilité à travers des investissements réalisés auprès de start-up spécialisées dans les services financiers technologiques. Dernièrement, le fonds d’investissement de DenizBank a investi 1 M USD dans Midas, une nouvelle application permettant de réaliser des investissements sans commission auprès des Bourses turques et américaines.

L’État, premier business angel du pays

Si les investisseurs privés constituent un des facteurs majeurs de la réussite de l’écosystème des start-up turques, l’État fournit également des soutiens aux start-up en early stage ou en seed et est souvent le premier investisseur pour ces sociétés. Ainsi, au cours du premier quart de 2021, le Conseil Scientifique et de la Recherche Technologique (TÜBITAK) a fourni 6,6 M USD à 357 PME et start-up spécialisées en R&D. De plus, environ 31 nouvelles start-up ont pu être créées grâce au soutien du KOSGEB (The Small and Medium Enterprises Development Organization of Turkey), 830 000 USD ont été débloqués pour 241 start-up et environ 200 000 USD pour 71 start-up de R&D.

Cette augmentation des investissements publics a notamment été permis par la suppression de l’obligation d’avoir un diplôme pour les entrepreneurs souhaitant lever des fonds.

Une croissance déjà amorcée en 2020

Au total, 165 start-up avaient reçu près de 140 M USD d’investissements l’année précédente. Ce total considéré comme un record pour l’écosystème pêchait cependant sur le nombre global de start-up ayant bénéficié d’investissements par rapport à 2017 où 181 start-up avaient attiré 113 M USD d’investissements. Force est de constater qu’il aura suffit d’à peine plus de deux mois pour battre le record de ces deux dernières années en 2021.

Le secteur du gaming était déjà en tête dans les décisions d’investissement et était le marché ayant vu le plus de création de start-up (141) entre 2019 et 2020.

Les investisseurs se sont principalement concentrés sur les solutions Saas, le secteur de la FinTech et sur les technologies autour de la santé tandis que le marché des technologies marketing, de l’intelligence artificielle et des solutions SaaS ont enregistré les montants d’investissement les plus élevés.

Les institutions étaient déjà présentes dans l’écosystème national cette année, avec une participation à 62 tours de table pour un total de 37 M USD d’investissements, le manager du fond d’investissement de Türk Telekom, Muhammed Özhan, remarquant que la frontière entre les investissements publics et privés tendait à s’effacer.

En complément de ces investissements record, de nouveaux fonds de financement ont également contribué à la croissance des start-up turques. Environ 4 fonds combinant une valeur totale de 85 M USD ont été créés entre janvier et mars 2021. Ces fonds se concentrent plutôt sur les start-up en early stage tandis que celles ayant "scalé" se retrouvent plutôt sur les radars des investisseurs.

Cet écosystème émergent et de plus en plus ouvert à l' international est une bonne nouvelle pour l’économie turque. Une majorité de start-up turques ayant réussi à scaler choisissent d’aider à leur tour des entreprises innovantes, permettant de créer un cercle vertueux au sein de l’entrepreneuriat national et de renforcer la puissance de l’écosystème au niveau mondial.

Cette stratégie se retrouve notamment dans les propos de Gürhan Çam, le manager de DenizBank Digital Generation Banking et du centre d’innovation et d’entrepreneuriat de l’entreprise, qui annonçait le soutien à l’écosystème entrepreneurial turc comme une priorité pour le groupe : « Nous avons pleinement confiance dans le potentiel entrepreneurial du pays. Le rêve de soutenir ce potentiel qui sera par la suite exporté au niveau mondial […] nous fait vibrer. ».

 

Sources : Timur SIRT, 05/02/2021, Daily Sabah ; Timur SIRT, 16/04/2021, Daily Sabah ; Timur SIRT, 23/04/2021, Daily Sabah ; Timur SIRT, 07/05/2021, Daily Sabah ; Timur SIRT, 05/05/2021, Daily Sabah